Dans le cadre du Festival des Cultures Amazighes de Seine-Saint-Denis, le Réseau Culturel Franco-Berbère 93 rend hommage à une figure majeure de la littérature maghrébine : Mohammed Khaïr-Eddine (1941-1995), écrivain engagé et poète de la révolte.
Deux rendez-vous sont proposés au public pour (re)découvrir l’œuvre et le parcours de cet auteur incontournable :
Vendredi 2 mai 2025 – de 14h à 18h
Samedi 3 mai 2025 – de 10h à 12h
Médiathèque du Centre-ville de Saint-Denis
4 Place de la Légion d’Honneur – 93200 Saint-Denis
À travers des lectures, des échanges, et la présentation de son œuvre emblématique « Il était une fois un vieux couple heureux », cette rencontre mettra en lumière l’héritage littéraire de Mohammed Khaïr-Eddine, figure marquante de la littérature amazighe et francophone.
Cet hommage s’inscrit dans la volonté du Réseau Culturel Franco-Berbère de valoriser les grandes voix amazighes et de transmettre leur mémoire aux nouvelles générations.
Qui était Mohammed Khaïr-Eddine ?
Mohammed Khaïr-Eddine est né en 1941 à Tafraout, au cœur de la région amazighe de Souss-Massa-Drâa (province de Tiznit), au Maroc. Il passe son enfance dans son village natal, où il fréquente le Msid, école coranique, avant de rejoindre Casablanca, emmené par son père commerçant.
C’est à Casablanca qu’il effectue ses études primaires et secondaires. En 1961, il est missionné par le ministère des Affaires sociales pour enquêter auprès des populations sinistrées après le séisme d’Agadir, où il réside jusqu’en 1963.
Jeune écrivain, il fréquente le cercle des Amitiés Littéraires et Artistiques de Casablanca, et fonde avec Mostafa Nissabouri et Abdellatif Laâbi le mouvement Poésie Toute.
En 1965, il choisit l’exil en France, où il enchaîne les petits boulots pour survivre. Il publie en 1966 dans les revues Encres Noires, Lettres Modernes, et Présence Africaine. Il intègre les cercles littéraires parisiens, y croisant J.-P. Sartre, André Breton, et les poètes de la Négritude Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire.
Son premier roman, Agadir, reçoit le Prix des Enfants Terribles fondé par Jean Cocteau. De retour au Maroc en 1979, il continue à publier jusqu’à son décès le 18 novembre 1995 à Rabat, des suites d’un cancer de la mâchoire.
Khaïr-Eddine a fondé la revue Souffles avec Laâbi (revue censurée), puis Alhoudhoud (« la huppe ») avec l’humoriste Ahmed Senoussi, alias Bziz, également censurée. Il a aussi collaboré à des revues telles que Lamalif et Al Asas.
Auteur prolifique, il laisse derrière lui une vingtaine d’ouvrages mêlant roman, poésie, théâtre, chronique et critique artistique. Il est aussi dessinateur.
Parmi ses œuvres majeures, principalement publiées chez Le Seuil, citons :
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Nausée Noire (1964)
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Le Roi (1966)
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Agadir (1967)
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Corps Négatif (1968)
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Histoire d’un bon dieu (1968)
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Soleil Arachnide (1969)
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Moi, l’aigre (1970)
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Le Déterreur (1973)
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Ce Maroc (1975)
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Une odeur de mantèque (1976)
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Une vie, un rêve, un peuple toujours errants (1978)
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Résurrection des fleurs sauvages (1981)
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Légende et vie d’Agounchich (1984)
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Mémorial (1992)
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Il était une fois un vieux couple heureux (1993)
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Faune Détériorée (1997)
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Les Cerbères (1999)
Connu pour être l’un des écrivains les plus censurés au Maroc, ce n’est que récemment que son œuvre a été réhabilitée. Son roman Il était une fois un vieux couple heureux figure désormais au programme du baccalauréat marocain.