La journée internationale des droits des femmes est inspirante. Les propositions seront plurielles à Blois. L’association Euro Berbère Economie propose une conférence gratuite, sur la femme amazighe (berbère), le samedi 9 mars 2024, à 16h30, à la médiathèque Maurice-Genevoix (Rue Vasco de Gama). La conférencière sera l’autrice Akila Kizzi qui évoquera en experte une personnalité phare : Marie-Louise Taos Amrouche (1913-1976).
En effet, Akila Kizzi a exploré dans son livre « Marie-Louise Taos Amrouche. Passions et déchirements identitaires » (Fauves éditions) cette écriture de nécessité, contestataire et libératrice. Akila Kizzi a mis en lumière dans son ouvrage la manière dont Taos Amrouche a intégré l’autobiographie comme un genre à part entière dans son œuvre, tout en replaçant sa vie et son travail dans leur contexte socio-historique et littéraire. Le livre met en avant la complexité des héritages et des identités à travers une contre histoire qui valorise les voix féminines.
Née dans une famille kabyle chrétienne d’Algérie, Marie-Louise Taos Amrouche a été la première femme écrivaine du Maghreb à publier un roman en français, « Jacinthe noire », en 1947. Ce roman, ainsi que ses œuvres ultérieures, explore les thèmes de l’identité, de l’exil, de la tradition et de la modernité, offrant un aperçu de la vie des femmes en Algérie et de la complexité des interactions culturelles entre l’Algérie et la France.
Marie-Louise Taos Amrouche était également chanteuse et poétesse. Elle est souvent considérée comme une figure marquante de la littérature maghrébine francophone. Sa mère, Fadhma Aït Mansour Amrouche, également écrivaine, a joué un rôle important dans son éducation culturelle et artistique.
Outre son travail littéraire, Marie-Louise Taos Amrouche est reconnue pour son apport significatif à la musique traditionnelle kabyle. Elle a enregistré plusieurs albums, contribuant à la préservation et à la diffusion internationale du patrimoine musical berbère. Ses chansons mêlent souvent poésie et musique, et elles sont considérées comme un pont entre la tradition orale Amazigh et la culture littéraire francophone. L’artiste a interprété de nombreux chants amazighs, traduits par son frère Jean (enterré à Sargé-sur-Braye), et s’est produite sur de nombreuses scènes internationales.
Mariée au peintre français André Bourdil, Taos Amrouche a vécu une grande partie de sa vie en France, où elle a poursuivi sa carrière artistique et littéraire, tout en restant profondément attachée à son héritage culturel algérien. Sa vie et son œuvre témoignent des défis et des richesses de la double appartenance culturelle, et elle reste une source d’inspiration pour de nombreux artistes et écrivains en Algérie et au-delà. Malgré son succès, elle n’a pas été honorée en Algérie de la même manière qu’à l’international. Elle a néanmoins participé à la fondation de l’Académie berbère à Paris en 1966. Ses œuvres majeures incluent donc « Jacinthe noir » (1947), mais également « Rue des Tambourins » (1960), « Le grain magique » (1966), et « L’Amant imaginaire » (1975), ainsi que des interprétations enregistrées de chants folkloriques berbères. Sa vie et son œuvre reflètent la complexité de son identité culturelle, tiraillée entre ses racines berbères et son expérience en France.
Nous avons demandé à Pascal Amar Khodja, président de l’association Euro Berbère Economie, en quoi Marie-Louise Taos Amrouche peut inspirer les nouvelles générations.
« L’inspiration pour les nouvelles générations réside dans la compréhension de nos origines, ce qui peut nous motiver à cohabiter et à partager avec les autres. Beaucoup de personnes ignorent d’où elles viennent, ce qui peut créer une confusion dans leur identité. En connaissant nos racines, comme je le fais personnellement, il devient plus facile de s’intégrer dans un nouveau milieu, comme en France, tout en respectant les cultures diverses. Cela peut apporter un certain équilibre à l’individu, nous dit Pascal Amar Khodja. L’auteure, Marie-Louise Taos Amrouche, a parfaitement compris ce phénomène à travers sa propre expérience de double culture, étant à la fois berbère kabyle et française, et vivant dans un contexte chrétien. Cela lui a permis une ouverture d’esprit et une capacité à comprendre les différentes cultures sans en privilégier une sur l’autre. »
« Sa renommée vient notamment de sa poésie en langue berbère kabyle et de son engagement en faveur de l’identité berbère, poursuit le président de l’association. La conférence abordera sa vie, son œuvre, et montrera l’importance des contributions féminines dans la culture berbère à travers l’histoire. Cela sert d’inspiration. Le rôle des femmes dans la tradition amazighe (berbère) a toujours été significatif, comme le montre l’exemple de la reine Kahina (ou Dihya), qui a lutté contre l’invasion arabo-musulmane pour préserver la culture et la langue berbères. Aujourd’hui, avec la modernité, les femmes berbères continuent de jouer un rôle important dans la société, en France comme en Afrique du Nord, tant sur le plan économique que culturel. La conférence soulignera également l’importance de la liberté individuelle et du respect mutuel dans le développement et l’émancipation des femmes, en ligne avec les valeurs de la Journée internationale des droits des femmes. »
Par Marc Alvarez
BLOIS CAPITALE
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